Changement radical de décor. [PV Leaves]

"UN AN ? Tu décoooonnes ?!"
"Hey non Honey ! Un an de vacances tout frais payés au soleil des Caraïbes !"
"Mais c'est un truc de dingue ! T'es sûr que c'est pas une arnaque ?"
"Certain ! Et puis t'en as besoin et tu le mérites, alors hop !"
"Tain, t'es trop cool Mike..."

Aiden l'avait serré sans gêne contre lui. Mike était vraiment un type bien, son protecteur, son bienfaiteur. Depuis des années il prenait soin de lui, il l'hébergeait et subvenait à ses besoins contre des concerts dans son Jazz Club. Il avait même voulu payer sa caution mais Aiden avait refusé. Il avait voulu faire ses deux années, endurer tout ça, pour s'endurcir encore un peu - comme si c'était nécessaire - et pour payer sa dette à la société. Et même après deux ans, Mike l'attendait à la sortie. Et pour couronner le tout, avec un billet d'avion pour un an de vacances sur une île paradisiaque, une valise pleines de nouvelles affaires payées de la poche de Mike, ses chers rollers et surtout, surtout ... Son saxophone adoré.

"Je l'ai bien nettoyé, toutes les semaines, comme promis, et puis je t'ai mis plein de surprises dans ta valise, tu verras en arrivant là-bas."
"C'est vraiment hallucinant, merci Mikey... Je ferai plein de concerts gratos au club en rentrant !"
"J'espère bien !"
"Un an, wha... C'est énorme... Je suis jamais sorti de New York, j'ai jamais vu la mer... Et je pars quand, dis ?"
"Oh mais tout de suite ! Ton taxi t'attend juste là !"
"Tout de suite ?! Mais j'ai même pas le temps de passer un peu de temps avec toi et tout ?"
"Hey non, départ immédiat ! Mais je t'accompagne jusqu'à l'aéroport va."

Aiden avait un mal fou à se faire à l'idée, à se rendre compte de ce qui lui arrivait, des étoiles plein les yeux, comme un gamin devant un cadeau de Noël. Et pour qui n'avait jamais eu de cadeau de Noël, c'était bien mieux encore. Dans le taxi avec Mike, il regardait s'éloigner New York, sa ville, qu'il n'avait jamais quittée jusqu'à présent. Maintenant il était trop heureux pour se méfier, pour penser à une arnaque. Il pensait plutôt à la plage, à la mer, qu'il n'avait jamais vues qu'en photos, et aux surprises que Mike avait pu glisser dans sa valise. Il était au comble de l'excitation et pour une fois, ce n'était pas grâce à un vol ou à un homme. Il était vraiment impatient !

Il avait quitté Mike après de longues embrassades et il avait rejoint l'avion. Ne l'ayant jamais pris, il avait d'abord était pris d'une belle angoisse, avant de se calmer progressivement, de se détendre, au fur et à mesure du vol. Sans être totalement rassuré, il fallait avouer qu'être en première classe l'avait beaucoup aidé. Et puis il n'était pas du genre à se laisser dépasser par les évènements ! Il n'avait peur de rien ! Non mais ! Et puis le cachet que lui avait gentillement offert l'hôtesse de l'air lui avait surtout permis de dormir une bonne partie du voyage... Il ne s'était d'ailleurs réveillé qu'à leur arrivée et il lui avait fallu un petit moment pour sortir du brouillard.

Et quand il s'était enfin senti d'attaque, il était déjà dans le bateau pour l'île. Et c'était bizarre. Parce qu'il se sentait comme qui dirait un peu... Seul. Mike lui avait bien dit que c'était pour trente veinards seulement mais l'île devait tout de même être un peu touristique. Enfin, logiquement... Et pourtant là, ils n'étaient que deux ou trois dans le bateau en partance pour l'île paradisiaque où il allait passer une longue année. Et rien qu'à cette idée, rien qu'à la vue de cette île magnifique qui se rapprochait rapidement et qui faisait pétiller ses yeux bleu marine, Aiden laissa tomber ses réflexions et ses doutes. Il devait profiter, un point c'est tout !

Et d'ailleurs, son regard s'était posé sur quelqu'un dans ce même bateau. Un jeune homme dont la couleur de cheveux faisait de l'œil à Aiden depuis un bon moment et dont l'air timide le faisait sourire. Il était vraiment mignon et il n'en fallait pas plus à ce charmeur invétéré - et surtout très sympathique jeune homme - pour s'approcher de lui une fois le pied posé sur le débarcadère, avec un adorable sourire enfantin. Enfin, entre deux exclamations...

"Whaaaa c'est beau... Salut ! Toi aussi t'as gagné le voyage ? On a de la chance hein ? C'est vraiment trop beau !"

Bon d'accord, son langage était limité. Mais il semblait tellement ébloui... C'était difficile de trouver les mots !

[ Aaaaaah ! Je suis vraiment, vraiment désolée d'avoir mis autant de temps ! >< Mais avec mes problèmes de connexions et mon père qui fait sa crise anti-ordinateur, c'était un peu... difficile. XD Enfin, voilà ce que j'ai pondu, j'espère que ça ira ! >__<' ]

- Dis… Tu veux pas venir me chercher, Nour ?
- Hein ? Mais pourquoi ?
- J’ai pas envie d’y aller… Je te l’avais dis pourtant ! Et puis… Tu sais bien… Le bateau et moi, ça n’a jamais été une grande histoire d’amour…
- Oh, arrête un peu ! Y’a plein de gens qui RÊVERAIENT d’être à ta place, alors tu vas me faire le plaisir de monter dans ce bateau de merde et passer de bonnes vacances, c’est clair ?
- Mais…
- Tut… Tut… Tut… Tut… Tut…
- … Garce.

Rageusement, Leaves referma le clapet de son téléphone portable, tout en traitant Nour - sa meilleure amie - de tous les noms, maudissant la jeune femme jusqu’à la onzième génération et plus encore. Aaaaah… Et voilà, il était coincé à des kilomètres de New York et comble de l’humiliation, le jeune homme était à présent bien obligé de prendre ce stupide bateau en direction des Caraïbes (enfin, s’il ne voulait pas dormir sous les ponts en attendant le bon vouloir de son égyptienne de confidente, bien entendu !).
Une année entière de vacances sous le soleil brûlant des tropiques, tous frais payés… Cela ressemblait étrangement à un rêve de jeunes mariés, à une idylle impossible à réaliser… Ou à une belle arnaque, cela dépendait du point de vue avec lequel on analysait les choses, bien entendu. Cela semblait trop beau pour être vrai et pourtant, c’était bien le prix qu’il avait gagné, tout récemment. Et, apparemment, ce petit voyage « surprise » n’avait absolument rien d’une farce ou encore d’un canular TV de mauvais goût vu que jusqu’ici, il n’avait pas du déboursé un centime. En effet, l’essence que Nour avait dépensé pour le conduire à l’aéroport lui avait été remboursée et quelques jours plus tôt, il avait reçu une mystérieuse enveloppe contenant non seulement son invitation à prendre place gratuitement sur le bateau qui l’amènerait à la fameuse île de vacances mais également, un ticket d’avion gracieusement offert par les organisateurs du concours.

Alors bon, bien entendu cette opportunité était assez… incroyable et ô combien alléchante, mais étrangement, il n’était pas l’instigateur de toute cette… folie. A vrai dire, il n’était même pas au courant qu’un tel concours avait été organisé et il savait encore moins qu’il y avait été inscrit dans le plus grand secret… Car en effet, s’il se retrouvait dés lors planté devant un énorme bâtiment flottant et contraint de prendre ce même bateau pour s’isoler de la civilisation new-yorkaise pendant une année entière, c’était grâce - ou plutôt à cause - de Nour, sa meilleure amie depuis le lycée, et Eline, sa sœur jumelle ET également aînée d’à peu près dix minutes (car oui, on aura beau retourner le problème dans tous les sens pour faire plaisir à notre petit brun, Leaves est bel et bien le benjamin de la famille Skyway !). En fait, les deux jeunes femmes qui entre temps avait eu l’occasion de sympathiser, s’étaient mises en tête de changer les idées à leur petit brun préféré, essayant désespérément de le recaser avec un homme (même s’il s’appliquait à leur répéter encore et encore que NON, il n’était ABSOLUMENT PAS gay) ou, à défaut de le mettre en couple, de le dérider un peu, histoire de lui faire oublier les beaux d’Adrian et… son odieuse trahison (et ce, même si le jeune homme n’avait de cesse de crier sur tous les toits qu’il allait bien, parfaitement BIEN et que sa vie au quotidien était des plus heureuses !). Les deux comparses avaient donc cherché des jours durant, fouillant tout New York à la recherche THE idée, le plan génial qui sortirait définitivement Leaves des restes amers de sa précédente déprime et qui annihilerait enfin en lui toute envie de passer ses journées dans un état pseudo végétatif (d’après Eline, il n’y avait rien de plus horripilant !). Et alors qu’elles commençaient à perdre espoir, désespérant de trouver un jour LE cadeau du bonheur pour leur petit Leaves, Nour était tombée sur une jolie petite affiche accrocheuse, mignonne comme tout et haute en couleurs. « Un an de vacances payées aux Caraïbes » voilà ce que l’affiche promettait au gagnant de son concours. Un an de vacances… C’était inespéré ! Leaves Skyway fut donc rapidement inscrit - rejoignant ainsi secrètement la longue liste des prétendants à ce voyage de rêve - et les deux jeunes femmes n’oublièrent pas de faire leur prière tous les soirs, implorant tous les Dieux de l’univers de bien vouloir accorder un peu de bon temps à leur petit protégé (et si possible, de le décoincer un peu par la même occasion !).

Et voilà que trois ou quatre semaines plus tard, il se retrouvait soudainement embarqué dans cette espèce de… d’excentricité stupide, contraint d’abandonner son New York, Nour, sa famille, son travail (bizarrement, sa patronne s’était empressée de l’encourager et c’est à peine si elle ne l’avait pas supplié de profiter de son prix - était-elle au courant de quelque chose qu’il ignorait ? Mystère…) pour s’exiler pendant 365 jours sur un île paumée en plein pacifique où il serait entouré d’inconnus ! De la folie pure ! Surtout que bon, il aimait bien son métier lui et il n’avait pas envie de s’en priver pendant autant de temps ! Et puis surtout, il n’avait absolument rien de demandé à personne et il n’avait pas plus envie que ça de quitter New York… Mais bon, puisque tout le monde s’accordait à vouloir se débarrasser de lui, il n’avait pas vraiment le choix, si ? Enfin, bref.

Le voyage en bateau fut relativement moins pénible que ses précédentes expériences en matière de balade maritime - sûrement grâce au luxe du bateau en lui-même - et pour une fois, à la place de passer son temps enfermé dans les toilettes à vomir ses entrailles, Leaves avait pu circuler librement dans les différentes « pièces » du bateau. Oh, bien entendu il avait encore eu légèrement mal au cœur (il avait d’ailleurs passé la majeur partie du voyage sur le pont, respirant l’air frais et piquant de la mer à plein poumon) mais ce n’était là rien d’insoutenable. A vrai dire, il commençait même à se réjouir - un peu - à l’idée de ces futures vacances au soleil… Qui sait, peut-être allait-il avoir l’occasion de faire quelques sublimes photos de paysages et peut-être - peut-être rencontrerait-il une jolie jeune fille, douce et gentille, avec qui il pourrait s’amuser un peu pour ensuite lui passer la bague au doigt et filler le parfait amour ? Quoique bon, niveau filles, jusqu’à maintenant Leaves n’avait pas vraiment repéré de quoi être exhausser… C’était bien simple, sur ce bateau, il n’y avait que des mecs ! Même le personnel du bateau était de composition exclusivement masculine ! Bon d’accord, le bâtiment flottant était presque désert - il devait être quoi dix ? Quinze à tout casser ! - mais quand même, c’était… un peu étrange, non ? Ca sentait le coup fourré… Enfin, tant pis, il trouverait certainement son bonheur plus tard, une fois arrivé sur l’île !

C’est donc sans vraiment y faire attention que Leaves posa pied à terre une fois la traversée terminée, foulant le sol de son nouveau « chez lui » pour la première fois. Encore un peu sonné par l’air marin et son léger mal de mer, le jeune homme avança lentement, droit devant lui, traînant ses deux grosses valises et son sac à dos derrière lui, sans vraiment y penser. Et puis bon, il fallait dire que même si c’était un début de matinée, il faisait déjà fort chaud (apparemment, les cinq tubes de crème solaire qu’il avait emporté ne serait pas de trop !).

- Whaaaa c'est beau... Salut ! Toi aussi t'as gagné le voyage ? On a de la chance hein ? C'est vraiment trop beau !

Hu ?
Se retournant brusquement - qui était l’idiot qui avait eu l’idée stupide de se mettre à brailler de la sorte, alors que le silence était auparavant complet, le faisant ainsi violement sursauter ?! - Leaves aperçu un jeune homme brun aux allures encore juvéniles apparemment très enthousiaste à l’idée de rester une année entière dans ce… ce petit coin de paradis.

- Je euh… Bonjour ! Euh… Oui… Oui, oui, on a de la chance, c’est vrai…

Waaaa… Effectivement, c’est fou ce qu’il paraissait content d’être là en cet instant ! Enfin bon, ne partons pas mauvais joueur, sourions un peu !
Sourire crispé de la part de Leaves.
Ok, non, finalement oublions le sourire, contente-toi de ramasser ton sac (le pauvre avait volé dans le sursaut du brun) et d’aller t’écrouler à l’hôtel - ils allaient bien loger à l’hôtel, n’est-ce pas ? - avant de finir complètement dessécher sous les assauts de ce fichu soleil !

» Des boules, des queues... Qui veut faire un billard ? [Pv Leaves]